Depuis le début du siècle dernier, Rolls-Royce symbolise ce qui se fait de mieux en matière d’automobile. Confort, luxe et volupté mais aussi excellence, puissance et démesure se retrouvent concentrés dans ces automobiles d’exception. En voiture pour l’essai d’un mythe !
Spectre argenté
Aujourd’hui, la Ghost représente le « modèle d’accès » de Rolls-Royce mais en 1907 son ancêtre, la « Silver Ghost », était l’une des premières automobiles conçues par Henri Royce et établissait alors la réputation d’élite de la marque au niveau planétaire. Introduite en 2010 et revisitée en 2014 avec la Serie II, la Ghost des temps modernes a été pensée, conçue et produite par son nouveau propriétaire qui n’est autre que BMW. Et si elle emprunte certains composants à la banque d’organes munichoise, elle n’en a pas moins des caractéristiques propres et une personnalité inédite. A commencer par une carrosserie originale aux proportions généreuses et pourvues des fameuses portes de type « suicide », un moteur V12 à double suralimentation et une dotation technologique de haute volée. Trois déclinaisons de la Ghost existent sous la forme de la berline que nous testons dans ces lignes, du coupé Wraith et du cabriolet Dawn. Au sommet de la gamme Rolls-Royce, on retrouve la Phantom, elle aussi déclinée en berline, coupé et cabriolet Drophead.
Dynamique, moderne et luxueuse
Ces qualificatifs, repris par le département marketing de la marque, collent parfaitement à la plastique et à l’esprit de la Ghost. Cela commence par le style de sa carrosserie qui, malgré ses formes classiques et presque intimidantes, se révèle progressivement au fil du temps comme l’expression moderne du luxe et de l’excellence. Avouons-le, nous ne nous étions jamais trop attardés sur l’esthétisme des Rolls modernes mais à force d’observer cet exemplaire quatre jours durant, nous avons pu découvrir bien des détails stylistiques au point de la trouver terriblement belle et classieuse, une prouesse en matière de design ! Cette remarque vaut également pour l’habitacle dont l’ambiance rappelle les standards historiques de la marque avec, pour exemples, la finesse de la jante de son volant et de ses commodos, les tirettes qui actionnent le système de climatisation ou les cuirs et boiseries qui ornent tableau de bord et contre-portes…
A travers son classicisme filtre une touche technologique certaine…
Pourtant, à travers ce classicisme filtre une touche technologique certaine par la présence des systèmes multimédia et d’aides à la conduite qui sont aussi efficaces que discrets… Une sorte de recherche de l’excellence en toute simplicité. Notre véhicule d’essai était une Ghost bicolore à empattement allongé (de 170 mm) en provenance directe de l’usine de Goodwood. Une Rolls flambant neuve immatriculée au Royaume-Uni, cela a de quoi interloquer, et cela même au Luxembourg ! C’est précisément ce que nous avons pu constater, un peu amusés, en observant la réaction des passants et des conducteurs luxembourgeois, surtout ceux au volant de leur « grosse cylindrée », qui se devaient d’abdiquer devant tant de classe… difficile de concurrencer un tel mythe !
Conduire… ou être conduit ?
Prendre le volant d’une Rolls est un moment d’exception, un privilège d’une vie que peu d’entre nous pourront expérimenter. Si pour certains cela se résume en la présence du fameux « Spirit of Ecstasy » au bout du long capot, la réalité de cette expérience est bien plus complexe et riche en sensations… Elle commence par la découverte de son habitacle néo-rétro qui nous immerge dans cette atmosphère exquise et raffinée propre à la marque. Et quand arrive enfin le moment tant attendu, celui du démarrage, une émotion profonde nous envahit ! Confortablement installé dans notre siège recouvert de cuir Connolly, nous pressons le bouton du démarreur et percevons une lointaine vibration… le moteur vient de prendre vie ! Pour nous en convaincre, nous en cherchons désespérément la confirmation via le compte-tour mais c’est peine perdue car il est inexistant ! A sa place, trône un manomètre gradué de 0 à 100% dont l’aiguille est plantée sur 100… C’est le « power meter » qui nous informe de la réserve de puissance disponible à tout instant. Un détail unique ! Nous engageons la boîte automatique sur « Drive », relâchons les freins, et notre Ghost se met en mouvement dans un silence total en donnant l’impression de flotter au-dessus de la route…
Notre Ghost se met en mouvement dans un silence total en donnant l’impression de flotter au-dessus de la route…
Ca y est, nous conduisons une Rolls ! Les premiers tours de roues resteront gravés à jamais dans notre mémoire ; l’onctuosité du moteur V12, la fine jante de son volant à travers lequel filtre une direction douce et légère, la suspension souple et presque sensorielle. Le silence à bord est à peine perturbé par la sonorisation haute fidélité qui distille une musique de fond cristalline. Tous nos sens sont en éveil et nous jouissons de ce moment intense en émotions ! Pourtant nous aimerions nous installer à l’arrière pour profiter pleinement du supplément de place dévolu aux jambes de cette version allongée… Qu’à cela ne tienne, l’espace d’un instant nous permutons nos positions avec le photographe et, parfaitement installés dans le siège arrière ajusté en mode couchette avec la fonction massage enclenchée, nous fermons les yeux en nous laissant conduire dans ce carrosse dont les ondulations subtiles nous bercent en toute volupté…
Le caractère façon « Black Badge »
A notre grand étonnement, nous avons autant apprécié la Ghost derrière son volant que depuis les places arrière. De fait, le plaisir de conduite de ce mastodonte est réel malgré un gabarit (5,57 m) et un poids (2,47 t) non négligeables… ce qui en dit long sur les compétences de ce véhicule hors normes. D’ailleurs, au fil des kilomètres, notre conduite s’est faite de plus en plus dynamique au point d’être surpris par le rythme adopté ! C’est probablement pour cette raison que Rolls Royce a récemment lancé le label « Black Badge » qui rajeunit l’image de la Ghost avec un traitement esthétique où la plupart des chromes sont partiellement teintés en noir brillant. Ainsi configurée, la Ghost dégage une dégaine inhabituelle, presque sportive, pour un véhicule de cette classe. Un traitement qui pourrait bien plaire à certaines couches aisées de la société comme le milieu du showbiz ou simplement une clientèle plus jeune – et très aisée – qui désire se distinguer avec une certaine sobriété. Le monde automobile est en plein changement avec des révolutions technologiques à venir comme l’électrification et la conduite autonome, mais une chose est sûre, il y aura toujours une place pour des véhicules d’exception comme celui de notre essai.