Abarth 695 Biposto: Graine de championne

LG-4 stars

Avec sa Biposto, Abarth adopte la recette des sportives les plus extrêmes, soit celle de la recherche de la performance par le dépouillement. Cela en fait-il une pistarde pour autant ? C’est ce qu’on va découvrir au terme de cet essai…

Comme la Mini Cooper S, sa principale rivale, la Cinquecento Abarth fait partie des citadines survoltées tant appréciées des grandes capitales. Aussi, après le lancement de la radicale Mini GP taillée pour la piste, Abarth se devait de riposter… voilà comment est née la 695 Biposto !

Bodybuilding et peinture de guerre

logo plaqueImpossible de passer inaperçu au volant de la Biposto. D’abord il y a sa carrosserie qui a subi une séance de bodybuilding via des boucliers avant et arrière super enveloppants, des passages de roues élargis et des bas de caisse au ras du bitume. Ensuite elle se pare d’une teinte « gris mat » du plus bel effet qui confère au petit « pot de yaourt » un look guerrier qui lui va à ravir. Mention spéciale pour ses magnifiques jantes « OZ Racing Ultraleggera » en 18 pouces de diamètre et son échappement titane « Akrapovic » qui met la touche finale avec une inimitable sonorité caverneuse, pour le moins improbable sur cette puce des villes !

Une préparation à la carte

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On le sait, pour aller chercher la performance, il faut un moteur puissant mais aussi un poids minimum. Pour le premier, Abarth a tout simplement repris l’évolution du moteur course de la 695 Assetto Corse du Tropheo Abarth, une discipline où notre compatriote Loris Cencetti s’est illustré en remportant le titre Benelux 2013 au volant de la voiture d’Autopolis. Grâce à son gros turbo Garett, le petit 1,4l développe les valeurs étonnantes de 190 ch et 250 Nm. Mais pour aller vite, il faut aussi s’alléger de tout poids superflu, raison pour laquelle la bien nommée Biposto ne dispose que du strict minimum. Exit la banquette arrière, la climatisation, la radio, voire même les vitres électriques lorsqu’on opte pour les carreaux en matière synthétique !

Ainsi définie, la Biposto ressemble furieusement à une mini supercar.

L’autre particularité de cette exubérante Cinquecento, c’est la possibilité de la configurer selon vos désirs. La version de base peut être agrémentée de toutes sortes d’équipements « course » des plus tentants pour les amateurs de « track day ». Il y a les vitres latérales en Lexan et le capot en carbone pour l’allégement, les inserts carbone du pack éponyme pour le look, la boîte de vitesse à crabot pour des sensations extrêmes (une option à 10.000 EUR !) et même un système d’acquisition de données pour examiner ses chronos lors des sorties circuit. Au final, lorsque l’on a fini de cocher toutes les cases de la liste d’options, cette super Cinquecento flirte avec les 70.000 EUR ! Fou ? Indécent ? Difficile de se prononcer tant la passion a ses raisons…

intérieur

Flashback

La découverte de ma 695 Biposto dans le hall de livraison Autopolis fait monter mon taux d’adrénaline… A la base, il ne s’agit pourtant que d’une Fiat 500 mais son traitement Racing et le souci du détail apporté à ses équipements me remémorent la course du Trofeo Abarth à laquelle j’ai participé en 2013 sur invitation de FIAT Belgio. Une épreuve des championnats Européen et Benelux qui avait lieu sur le circuit de Spa-Francorchamps parmi une trentaine de furieux ! Cette voiture de course reste, à ce jour, celle que j’aurai eu le plus de mal à dompter, et je ne suis pas le seul à le penser !

Au départ de la première course du Trofeo Abarth

Au départ de la course du Trofeo Abarth en septembre 2013

Autant dire qu’en m’installant dans la Biposto, tous les souvenirs de mon weekend de course me sautèrent à la figure… J’y retrouve ses baquets SABELT et le dépouillement extrême de son habitacle (en plus soigné) où la banquette arrière a fait place à un mini arceau vissé et un filet de séparation… La position de conduite est plus haut perchée que dans la voiture de course mais je retrouve exactement les mêmes commandes : volant, pédales et levier de vitesse sont identiques. Contact, démarrage et un sourire se dessine sur mon visage… c’est qu’il émane du moteur la même sonorité que celle qui résonnait dans les stands du circuit spadois ! Pas de temps à perdre, direction le circuit de Chambley près de Metz pour vérifier si les sensations de pilotage de ma fameuse course seront au rendez-vous…

A l’attaque de la piste !

Le parcours qui me mène jusqu’au circuit me permet de découvrir le caractère bien trempé de ma 695 Biposto qui, aussitôt les petites routes arrivées, dévoile une frénésie mécanique devenue rare aujourd’hui.  Une fois le petit bouton sport enfoncé, chaque pression sur la pédale de droite libère un son rauque à travers l’échappement titane, un plaisir qui devient vite addictif. Alors que ses suspensions fortement rabaissées et fermement tarées retransmettent la moindre irrégularité du bitume à travers ses larges roues, sa direction hyper directe balance l’auto d’un virage à l’autre sans la moindre inertie.

Je suis secoué comme un prunier et je me bat avec son volant pour garder ma bombinette sur la route !

toutouvert

A mon arrivée sur le circuit de Chambey, je retrouve son personnel passionné et toujours aussi accueillant qui me présente la nouvelle 911 turbo testée par des confrères parisiens de Option Auto.  Sympa ! Après quelques moments passés à échanger sur nos bolides respectifs (et un petit tour en passager dans la 911), je décide de monter en piste avec la 695 Biposto. Un premier tour pour chauffer mes gommes et, surtout, me remettre « en jambes » et c’est parti ! Je monte les rapports, je soigne mes trajectoires et j’ajuste mes points de freinage aux capacités de l’auto… Son moteur a une belle santé, ses suspensions me paraissent bien moins dures que sur la route (c’est toujours la même histoire sur circuit…) et son comportement est nettement moins joueur que celui de la version de course du Trofeo.

Son comportement est nettement moins joueur (ou plus stable!) que celui de la version de course du Trofeo

Cela s’explique essentiellement par deux différences notoires: d’abord la voiture de course était dépourvue de l’ESP non déconnectable de la Biposto et, ensuite, le grip mécanique de cette dernière est bien moindre en raison de l’absence de l’arceau soudé et des pneus slicks de la Trofeo. Pourtant, un point qui me donne entière satisfaction est le freinage, normal puisque le système Brembo 4 pistons avec disque à bol alu est celui de la Trofeo, vraiment top pour une utilisation circuit. Finalement j’aurai plus apprécié la Biposto sur route où son côté joueur et limite indomptable donne de belles sensations qu’on ne retrouve pas sur circuit à cause de son ESP non déconnectable et trop intrusif. Mais à me rappeler à quel point la Trofeo était hypersensible aux transferts de masse dans les phases de freinage (ses pneus arrière slick ne chauffaient pas à cause de la répartition du poids), je comprends mieux pourquoi on ne peut déconnecter l’ESP sur les Abarth routières… Mais quel jouet !

AR-soleil

Fiche Technique

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