McLaren résonne dans le monde du sport automobile comme l’écurie phare de F1 des années 1980. A l’époque, le duel entre Alain Prost et Ayrton Senna enflammait les circuits et divisait les supporters. Ensemble ils raflaient 15 des 16 courses de la saison 1988…
Après tant de succès, McLaren lançait la production de sa légendaire supercar « F1 » en 1992. Elle était l’œuvre de Gordon Murray, le génial ingénieur qui avait conçu les fameuses Formule 1 victorieuses des saisons durant. Dès sa sortie, cette McLaren F1 faisait figure d’épouvantail par sa conception avant-gardiste (coque carbone), ses caractéristiques (627ch pour 1136 kg) et ses performances (plus de 370 km/h). Elle se permettait même le luxe de s’imposer aux 24H du Mans au nez et à la barbe des prototypes, et ce, dès sa première participation ! Cependant elle n’était qu’un one-shot puisque seuls 106 exemplaires, toutes versions confondues, furent produits.
Après cet épisode, l’idée de créer une gamme de véhicules routiers avait germé dans l’esprit de Ron Dennis, le boss de McLaren, histoire d’aller titiller sur la route le rival de toujours sur la piste… Ferrari ! Pour ce faire, il aura fallu attendre 2011 et la MP4 12C, la première McLaren routière de l’ère moderne. C’est que la mise en place d’un outil industriel ne s’improvise pas dans le secteur automobile, et encore moins chez McLaren où le souci du détail et de la perfection est carrément maladif. Depuis, les modèles se sont multipliés aves les 650S, 675LT coupé et spider et, surtout, l’extraordinaire Hypercar P1. Cependant, pour acquérir une réelle envergure commerciale, il manquait à cette gamme un modèle d’accès à la fois plus abordable et plus utilisable au quotidien. C’est ainsi qu’est née la 570S dont la cible n’est autre que la Porsche 911 turbo, rien que ça !
Découverte
Lors de ma première rencontre avec la 570S, je n’étais pas vraiment conquis par ses lignes. Je la trouvais trop différente des autres McLaren, voire trop novatrice. Mais comme souvent en matière de style, les formes innovantes s’assimilent et murissent en nous avec le temps pour finalement se révéler à leur juste valeur. Désormais cette 570S est devenue une de mes McLaren préférées… Sa carrosserie diffère de celle des autres McLaren non seulement par le style mais aussi pas sa technologie puisqu’elle s’habille d’une peau d’aluminium et non de matériaux composites. Ce détail, dicté par une production en plus grande série, permet de maîtriser la perfection des formes et de leur surface. Le gabarit de la « petite » McLaren étonne aussi puisque, dimensionnellement, elle est plus imposante de quelques centimètres que ses grandes sœurs. La raison est simple, elle grandit pour offrir plus d’espace et de confort à ses occupants et leurs bagages. Cela pour mieux concurrencer la Porsche 911 turbo, l’Audi R8 ou la Lamborghini Hurracan.
Un cocon accueillant
Cette orientation se confirme lorsqu’on accède à son habitacle dont les portes, au spectaculaire mécanisme d’ouverture de type diédral, sont typique de toute McLaren. On découvre alors sa coque en carbone dont le seuil rabaissé de 80 mm (par rapport à la 650S) facilite l’accès à bord. L’habitacle de notre modèle d’essai, intégralement recouvert de cuir, jouit d’une finition digne des meilleures réalisations du segment. Le cockpit s’apparente à celui de la 650S, notamment par sa planche de bord dont l’écran multimédia en position verticale permet de rapprocher les deux occupants au centre de la voiture… idéal pour la répartition des masses et la proximité ! Comme le veut la tendance actuelle, les instruments de bord entièrement digitaux basculent de type d’affichage selon le mode de conduite sélectionné. Terminons par les côtés pratiques qui comptent un coffre de 144 dm3 et plusieurs espaces de rangement dans l’habitacle. Tous ces détails révèlent la volonté de rendre la 570S utilisable au quotidien tout en étant capable de s’aventurer sur circuit à l’occasion.
Technologie de pointe
Comme toute McLaren, la 570S dispose de la fameuse coque carbone faisant office de châssis. Ce matériaux ultraléger (la coque pèse 75 kg) est aussi ultra rigide et résistant aux chocs. Il offre sécurité, précision de conduite (via un ancrage optimal des suspensions) et des performances de premier plan. De fait, avec 570 ch et 600 Nm pour 1313 kg, la 570S est 150 kg plus légère que ses rivales et affiche un rapport poids/puissance exceptionnel de 434 ch/tonne. Pour vous faire une idée plus précise, imaginez simplement une Mazda MX-5 avec 434 ch ! Son moteur 3.8l V8 biturbo à injection directe dérive de celui de la 650S mais adopte, entre autres modifications, le stop-start pour baisser la consommation en parcours urbain. Logé en position centrale arrière et accouplé à une boîte séquentielle double embrayage à 7 rapports, il entraîne les seules roues arrière. L’aérodynamisme de la 570S a été particulièrement soigné pour fournir à la fois une stabilité accrue à haute vitesse et un refroidissement optimal de sa mécanique. Les suspensions, pilotées comme sur la 650S, abandonnent le système de contrôle de roulis actif au profit de barres antiroulis classiques. Une solution moins onéreuse mais au rendu de comportement plus pur et naturel, une volonté du constructeur.
Sensualité explosive
Inutile de dire que la 570S délivre des performances exceptionnelles. Il suffit de parcourir sa fiche technique qui annonce le 0-100 km/h en 3,2s et une vitesse de pointe de 328 km/h pour s’en convaincre. Mais au-delà des chiffres, ce qui importe encore plus c’est l’expérience à son volant. Alors que certaines rivales de puissance similaire peuvent intimider leur conducteur, cette sportive hors norme fait preuve d’une facilité, d’une efficacité et d’un confort étonnants. Notre essai s’est déroulé en plein hiver avec des températures proches de 0 deg C sur des routes humides, et pourtant notre 570S ne nous a jamais fait défaut. La qualité de sa gestion électronique, aussi bien celle du moteur, de l’anti-patinage, de la boîte de vitesse pilotée, de la suspension ou de l’ESP, nous a complètement bluffé. Sa direction à assistance électro-hydraulique est une autre source de plaisir tant sa précision et son retour d’information sont exceptionnels en comparaison aux dernières versions électriques. A son volant, on est en parfaite communion avec la sensation exquise de ne faire qu’un avec sa machine. Elle répond avec finesse et précision à la moindre sollicitation de son conducteur et délivre un plaisir de conduite rare. A bien y réfléchir, pour 174.250 EUR, la 570S est une véritable affaire puisqu’elle propose, en à peine moins sophistiqué, la même base mécanique et technologique que la 650S ! Les ressources insoupçonnées de son moteur, la réactivité de sa transmission et la fidélité de sa direction sont tout simplement stupéfiants. Longtemps le souvenir et les sensations physiques de cet essai hors pair resteront gravés dans ma mémoire. Quelle fabuleuse machine !