Il était une fois 5 journalistes automobile passionnés de pilotage à qui Mazda Belux confia une tâche des plus réjouissantes. Piloter une Mazda MX-5 Cup face à des bolides bien plus puissants dans la course « 24 hours of Zolder ». Arriveront-ils au bout de cette rude épreuve, quel sera leur classement final ? La version mécanique du remake de « David contre Goliath » vous est contée !
Eh oui, votre serviteur et 4 de ses collègues belges ont eu le privilège de participer à cette fameuse course au volant de la non moins fameuse MX-5 Cup. Si nous avions tous une petite expérience de la course automobile à différents niveaux, on peut dire que le chef de file, Stéphane Lémeret, est loin d’être un amateur avec notamment diverses participations aux 24 heures de Spa et du Mans !
Un plateau de véhicules très hétéroclite où se côtoient des BMW 120d et M3 GTR, des 911 GT3 ou encore des prototypes Norma et Radical…
Pour ma part, ayant eu l’occasion de rouler ma bosse plusieurs saisons en formule monotype Fun Cup, je partais avec un petit bagage pilotage bien utile, mais c’était la première fois que j’allais participer à une course composée d’un plateau aussi hétéroclite où se côtoient des BMW 120d et M3 GTR, des 911 GT3 ou encore des prototypes Norma et Radical… la gestion du trafic dans les rétros s’annonçait très chaude ! Voilà donc une bien belle équipe avec un sacré challenge à relever, soit rallier l’arrivée avec l’ambition affichée de viser un podium de catégorie et cela avec la voiture la moins puissante du plateau. Chiche !
La voiture : Mazda MX-5 2.0 ND
Notre monture n’est autre que le très sympathique roadster MX-5 Cup, soit la version destinée au championnat monotype très en vogue en Amérique du Nord. Convertie par le préparateur américain LLR, notre MX-5 2.0l soft top de série a été entièrement désossée, allégée et remontée avec des éléments « racing » dont le plus visible est l’imposant arceau cage soudé qui a pour double fonction de protéger le pilote et de rigidifier la caisse de ce petit roadster. Dans l’opération, la MX-5 perd les éléments tels la capote soft top, les vitres de portières, le capitonnage, l’insonorisation, le système audio / multimédia et une partie de la climatisation. Mais elle s’équipe de composants « racing » spécialement conçus pour supporter les contraintes du sport automobile. On compte par exemple un siège baquet et son harnais, un volant en peau retournée, des suspensions et des freins avant plus performants, des jantes forgées ultralégères chaussées en pneus slick Yokohama et aussi un rétroviseur intérieur panoramique ! Signalons encore que la mécanique reste inchangée, soit le moteur 2.0l d’origine auquel on aura juste adjoint un collecteur d’échappement plus libre et une gestion moteur mieux adaptée à la compétition. Le tout développe 160 ch pour un poids de 950 kg.
Découverte du pilotage de la MX-5 Cup
Une semaine avant l’épreuve, Mazda nous convie, Stéphane et moi, à prendre le volant de sa MX-5 sur le circuit de Zolder, histoire de découvrir l’équipe et de prendre la mesure de notre monture. Les autres pilotes, Xavier Daffe, Maxime Pasture et Hans Dierickx étaient absents puisqu’ayant déjà disputé l’épreuve avec Mazda auparavant. Les sensations de conduite sont d’emblée enthousiasmantes mais tout aussi déconcertantes. En effet, le côté « racing » de son châssis extrêmement rigide, neutre et efficace, tranche avec la douceur de la direction dont l’assistance d’origine a été conservée et se révèle un peu légère pour une voiture de course… en contrepartie cela nous facilitera la tâche au niveau de l’effort physique ! Idem pour l’assistance de frein qui est d’origine mais actionne des étriers surdimensionnés avec 4 pistons fixes et des disques flottants à l’avant.
Le mordant exceptionnel des gros freins demande un dosage précis et pas évident à appréhender, mais quelle efficacité !
Leur mordant exceptionnel demande un dosage précis et pas évident à appréhender, mais quelle efficacité ! Poursuivons avec la boîte de vitesse et l’embrayage d’origine qui sont un régal mais leur douceur trahit la provenance routière de l’engin. Au final, l’ensemble retransmet une sensation contrastée entre la rigueur de comportement, le grip mécanique très élevé, le freinage hyperpuissant et le feeling adouci des éléments issus de la grande série. Je découvre l’auto au fil des tours, j’améliore mes temps et, malgré le déficit de puissance, je réalise un chrono respectable de 1’55’’… pas mal me dis-je, sauf que Stéphane claque un 1’52’’ quelques instants plus tard ! Bon, j’ai encore du boulot comme en atteste l’analyse de l’acquisition de données.
C’est parti !
Le grand jour est arrivé ! Nous voilà sur la grille de départ avec notre MX-5 qualifiée en 37ème position sur 43 voitures engagées. La météo s’annonce capricieuse, des averses sont prévues en début de course… voire avant comme nous le rappelle la petite douche lors du « Grid Walk ». De plus, nous roulerons décapoté et si c’est un avantage au niveau de la chaleur et du bruit à bord, cela pourrait nous gêner en cas de forte pluie. Logiquement c’est Stéphane qui prend le départ et il part d’emblée pour un double relais, un pari pour prendre un peu d’avance au classement. Et cela marche plutôt bien car, la pluie aidant, nous remontons à la 23ème place au général et 2ème de catégorie après 2h30 de course ! Une performance rendue possible grâce à la dextérité de son pilotage… en effet Stéphane est resté en pneus « slick » sous la pluie alors que les autres avaient monté des « rain ».
C’est au tour de Xavier de partir pour son relais mais les soucis commencent alors avec l’apparition de vibrations au freinage et l’ESP, pourtant déconnecté, s’engage intempestivement. D’ailleurs, ce sera la cause d’une sortie de piste et un retour au stand au ralenti ! Hans, qui est reparti après Xavier, confirme des vibrations croissantes au freinage et le vrai problème finit par arriver lors du relais de Maxime avec la perte de la roue avant droite après la casse de la suspension… Aïe ! Notre MX-5 revient au stand sur un camion plateau et on craint alors le pire. L’analyse des dégâts et les réparations auront pris près de 1h30 et coûté la perte de 38 tours au classement, nous reléguant à la 4ème place de notre catégorie…
Il est 1h du matin, Maxime repart pour terminer son relais, nous accusons plus de 30 tours de retard sur le 3ème et nos espoirs de podium semblent s’être envolés…
En sortant de son relais Maxime se plaint toujours de fortes vibrations au freinage et on décide alors de changer les disques avant. Une bonne idée puisque je n’ai plus rien senti de tel, si ce n’est une instabilité de l’arrière dans les courbes rapides, la faute à du « pick-up » de gomme sur mes pneus arrière. Un problème réglé par le changement des pneus. Je termine mon relais à 3h30, pas trop satisfait d’avoir piloté sur la défensive. En effet, j’ai mis du temps à entrer dans la course après l’incident de la roue perdue et aussi les protos qui fonçaient sur moi tous phares allumés m’ont déstabilisé en début de relais. Je décompresse, il est 4h00 et je prends la direction du motorhome pour un petit somme de 5 heures.
Un réveil surprise
La nuit fut courte et fraîche… A mon réveil, j’étais courbaturé par le froid et la fermeté de ma couchette mais surtout je découvrais sur mon smartphone le texto suivant de Xavier « We’re fighting to clinch the 2nd place while you’re sleeping ». On avait donc récupéré le podium, incroyable ! De retour au box, j’ai la confirmation de la bonne nouvelle mais aussitôt une petite déconvenue se fait jour, les mécanos interviennent sur notre voiture pour changer étriers et disques de frein avant… les problèmes continuent ! Cette fois nous remontons les freins standard de la Cup, tout aussi puissants mais moins endurants, il va falloir les ménager pour les dernières 6 heures… Maxime reprend la piste pour son dernier double relais, il confirme la bonne tenue des freins, ses chronos sont bons, la voiture est à nouveau performante !
Never give up !
A mi-relai, Maxime accuse 11 tours de retard sur le 2ème mais il lui reprend près de 10s au tour. Il reste 5 heures et après quelques calculs savants, on conclut que c’est jouable et on décide de leur mettre la pression ! Je prends le volant pour mon dernier relais, nous avons encore 9 tours de retard et je m’applique à aligner des tours rapides et réguliers sans prendre de risques. Ce faisant je remonte sur le 2ème et lui reprend un tour (plus que 8 !), non sans devoir forcer le passage… Il a compris qu’on ne se laisserait pas faire et qu’il devra hausser le rythme pour espérer conserver sa position. Notre plan marche mieux que prévu puisqu’il s’accroche avec un autre concurrent, reste bloqué dans le bac à gravier et revient au stand pour réparer… Quand il remonte en piste nous sommes déjà 2ème avec 4 tours d’avance et plus que 3 heures avant le drapeau à damier. Je termine mon relais et confie la voiture à Stéphane pour qui ce fut une formalité de rallier l’arrivée, non sans se payer le luxe de signer le meilleur tour de l’auto en course. Au final, nous terminons donc 2ème de notre catégorie et 28ème au général, un bien beau résultat pour une équipe de pilotes amateurs (sauf un !) au volant d’une voiture proche de la série !