Avec le lancement de sa nouvelle DB11, Aston Martin marque une rupture totale dans la lignée de ses modèles. D’abord il y a l’évolution du style extérieur, ensuite le passage au moteur turbo et enfin, l’intégration de nouvelles technologies… Cela en fait-il une meilleure Aston pour autant ?
Au fil du temps, l’évolution stylistique a placé Aston Martin en véritable icône du paysage automobile, son plus illustre ambassadeur et célèbre espion 007 n’y étant pas étranger ! Cependant il nous faut reconnaître que depuis le coup de crayon de génie de la V8 Vantage en 2005, tous les modèles qui lui ont succédé se ressemblent comme des poupées russes, au point qu’il est devenu hasardeux de les distinguer… Il était grand temps que ça change !
Rupture Stylistique
En remplaçant la DB9, la DB11 a la lourde tâche d’innover à bien des niveaux, le moindre n’étant pas celui du style. Pour ce faire, les designers se sont inspirés du prototype DB10 qui a fait une apparition éphémère mais remarquée dans le dernier James Bond.
Une DB10 indisponible à la vente et par conséquent encore plus désirable… un sacré coup de « com » des pontes du marketing !
Les évolutions esthétiques de la DB11 sont nombreuses, à commencer par sa face avant qui gagne en agressivité avec une calandre sculptée et proéminente, de quoi donner du relief à ses optiques effilées. La mutation de sa proue s’étend jusqu’aux ailes qui intègrent un extracteur d’air de débourrage derrière les roues avant, un magnifique détail aussi stylistique que fonctionnel ! De profil, l’élément marquant se situe au niveau du pavillon flottant qui, à l’image d’un planeur en sustentation, atterrit en douceur sur ses ailes arrière. Des ailes subtilement musclées pour donner cette touche de sportivité sensuelle qui sied à merveille aux coupés sportifs. Mais le détail le plus extraordinaire de la DB11 est incontestablement son aileron arrière invisible. Ce dernier est matérialisé par une fente ménagée au bout du panneau de coffre où est acheminé l’air prélevé au niveau des montants « C » du pavillon. La vitesse aidant, il s’y crée un rideau d’air faisant office de déflecteur invisible, une solution des plus ingénieuses et aussi élégante que l’agent spécial de sa majesté !
Moteur inédit
La pièce maîtresse de la DB11 c’est son nouveau moteur V12 5,2l biturbo qui développe une puissance de 600 ch et surtout un couple de 700 Nm. Un moteur qui marque un tournant dans l’histoire d’Aston Martin puisqu’il s’agit du tout premier moteur turbocompressé (ndlr. La DB7 disposait d’un moteur suralimenté par un compresseur mécanique). Accouplé à l’excellente boite de vitesse automatique ZF à 8 rapports, il alimente le train arrière qui est doté d’un autobloquant à action vectorielle… bien utile pour digérer le couple camionnesque ! A l’usage ce moteur impressionne encore plus que les chiffres qu’il avance… lorsque les turbos entrent en action, la fougue de ses accélérations est alors d’une intensité rarement ressentie. A l’image de sa suspension pilotée, sa cartographie est paramétrable selon 3 lois de fonctionnement (GT, Sport et Sport+), ce qui permet de sélectionner son niveau de réactivité selon nos envies…
GT au long cours
Si ses prestations mécaniques impressionnent, elles ne doivent cependant pas nous induire en erreur quant au positionnement de la DB11 qui n’aspire pas au statut de sportive pure et dure mais plutôt à celui de GT sportive dotée d’aspects pratiques et d’un confort appréciable. Cela se remarque d’abord par son habitacle cossu dont les cotes généreuses permettent de voyager confortablement à 2 sur long parcours, voire à 4 pour de courts trajets… A l’image d’une certaine 911, c’est ce qu’on appelle une 2+2. Le mobilier de bord reprend les codes stylistiques des dernières Aston, non sans évoluer vers plus de modernisme tout en améliorant la qualité perçue. Notre modèle était équipé d’une sellerie tout cuir noir avec des placages de carbone d’un nouveau genre sur la console centrale et les contre-portes. Si la finition progresse, c’est aussi le cas du système multimédia qui n’est autre que celui que l’on retrouve chez Mercedes-Benz (le nouveau partenaire technique d’Aston Martin) et c’est tant mieux ! Ce partenariat apportera prochainement les nouveau moteurs V8 AMG…
Cette évolution technologique se remarque également au niveau du combiné d’instruments qui abandonne les aiguilles physiques au profit d’un affichage digital ou analogique sur fond d’écran TFT. Si cette tendance profite à un affichage plus clair et des menus plus complets, nous l’avons trouvé un peu tristounet en comparaison d’autres réalisations. Finalement, c’est au niveau du comportement routier que nous emmétrons des réserves. Malgré les suspensions pilotées programmables, nous n’avons pas réussi à trouver le réglage qui permette d’attaquer en maîtrisant les mouvements de caisse. En effet, l’amortissement perfectible, notamment en rebond, dénotait une certaine lourdeur de comportement avec des mise en appui légèrement flottantes…
… du coup on a dû se résoudre à adopter une conduite coulée plutôt que musclée.
Si ce détail empêche la DB11 d’exploiter pleinement la puissance de feu de son moteur d’exception, c’est aussi la confirmation de son caractère de routière au long cours sans réelles prétentions pour le circuit. Pour cela, il y a d’autres modèles au catalogue vous dira-t-on chez Aston ! C’est toutefois un peu dommage au regard de ce que fait la concurrence, mais une DB11 ne se conduit pas comme une Porsche, il faut un minimum de classe et de savoir vivre, n’est-ce pas James ?