La nouvelle Bentley Continental GT remet les pendules à l’heure dans le segment très sélect du Grand Tourisme luxueux. Il était temps car la génération précédente commençait à marquer le pas au niveau des technologies embarquées, domaine où la nouvelle venue excelle.
La première Continental GT de l’ère moderne est apparue en 2002 au salon de Paris et créait alors la sensation en s’équipant d’un moteur hors normes, le 6.0 W12 biturbo du groupe VW. Ce grand coupé de luxe de presque 5 mètres se posait en véritable mastodonte avec ses 2,3 tonnes et ses 560 chevaux. Depuis, deux évolutions lui ont succédé avec la phase II en 2010 qui ajoutait le « petit » moteur 4.0 V8 tout en se dotant d’un style remis au goût du jour et la phase III en 2015 qui servait de base à la GT3-R allégée de 100 kg et à la Supersports dont la puissance atteignait 710 chevaux.
Musclée et sensuelle
La nouvelle génération partage sa plateforme avec la dernière Porsche Panamera et en profite pour revoir son design de fond en comble, non sans rester fidèle aux codes stylistiques du modèle précédent. Si la nouvelle face avant adopte une calandre plus large et imposante en repoussant ses phares ronds caractéristiques à ses extrémités, c’est son postérieure qui innove le plus avec des feux arrière simplifiés mais toujours en forme d’amande. Le profil conserve sa ligne de coupé monumental et renforce son dynamisme par la réduction du porte-à-faux avant qui perd 13,5 cm en rejetant les roues au bout de son museau. On remarque aussi ses ailes qui se s’enflent comme des muscles pour suggérer la montée en puissance et les lignes de sa carrosserie qui ses marquent par des nervures qui sculptent ses flancs avec sensualité. A ne pas douter, l’esthétique de cette nouvelle livrée se dynamise au profit d’une sensualité subtilement virilisée.
Le grand saut technologique
Héritant de la base technologique de la Panamera, la nouvelle Conti GT progresse à tous les niveaux. D’abord son moteur W12 monte en puissance et en couple avec respectivement 635 ch et 900 Nm, cela, tout en devenant plus « écologique » grâce à la désactivation de la moitié de ses cylindres lorsque moins de 300 Nm sont demandés par son conducteur ! Ce moteur d’exception entraîne toujours les 4 roues via un différentiel central piloté mais adopte désormais une nouvelle boîte automatique double embrayage ZF à 8 rapports… celle de la Panamera.
Si sa carrosserie fait appel exclusivement à l’aluminium (sauf le panneau de coffre en composite), son châssis l’associe à l’acier hautes performances aux endroits critiques au profit d’une rigidité accrue. Dotées de doubles triangulations à l’avant et de multi-bras à l’arrière, ses suspensions pneumatiques sont pilotées électroniquement selon le mode de conduite sélectionné. Malgré ce recours aux matériaux légers, son poids reste conséquent avec 2,24 tonne, raison pour laquelle d’énormes freins à disques de 420 mm et 10 pistons sont indispensables pour ralentir la bête quand nous prend l’envie d’exploiter tout son potentiel ! Bien entendu, elle se dote des dernières nouveautés en matière d’aide à la conduite avec notamment un régulateur de vitesse adaptatif qui est capable de se caler automatiquement sur la limitation de vitesse lue sur les panneaux de circulation et même d’adapter la vitesse selon l’angle du virage. Bluffant !
Luxe et démesure
Les avancées technologiques sont encore plus visibles au sein de son somptueux habitacle, à commencer par l’impressionnant et optionnel « Bentley Rotating Display » qui n’est autre que l’écran multimédia trônant au centre de la planche de bord et qui offre 3 faces distinctes ! A l’arrêt, on ne voit qu’une simple face plaquée bois précieux mais, dès que le contact est mis, apparaît l’écran digital de 12,5 pouces qui affiche toutes les informations multimédia et permet de contrôler quasiment toutes les fonctions du véhicule. Une impulsion sur le bouton ad hoc le fait basculer sur la troisième face qui présente trois jauges analogiques sur fond de bois précieux… histoire de voyager avec style sans l’intrusion de l’ordinaire affichage digital qui dénature l’habitacle des voitures modernes ! Pour le reste, l’intérieur de la Conti GT impressionne par la richesse de ses équipements et le luxe de ses matériaux. Son style, un rien baroque et typique de la marque, pourrait déplaire à certains mais il faut bien admettre que la qualité de réalisation et le confort atteignent un niveau exceptionnel. Une critique ? L’espace dévolu aux passagers arrière est un peu chiche vu les dimensions extérieures, raison pour laquelle il faudrait la considérer comme une grosse 2+2 plutôt qu’une vraie 4 places.
La Conti GT impressionne par la richesse de ses équipements et le luxe de ses matériaux
Doux cocon, fol avion !
A son volant, il faut pouvoir assumer son statut car autant on se sent privilégié de voyager à son bord, autant on ne manquera pas de se faire remarquer dans le trafic… c’est qu’elle ne passe pas inaperçue la Conti GT ! L’installation à bord est à chaque fois un plaisir renouvelé qui nous immerge dans un cocon ultra luxueux où le moelleux de ses sièges, le parfum de sa sellerie cuir et la douceur de ses textures sont autant de messages sensoriels qui se marient avec la chaleureuse vision de son cockpit. Après avoir rugi à son lancement, le moteur distille ensuite une douce mélodie qui, ponctuée par les changements de rapports qui s’engrènent au fil des kilomètres, nous accompagne en musique de fond tout en nous faisant bercer par l’onctuosité de la suspension pneumatique calée en position confort. Il suffit pourtant d’enclencher le mode sport pour réveiller la bête qui sommeille avec à la clé une sonorité mécanique amplifiée à l’échappement, des accélérations diaboliques et une tenue de route raffermie.
Cette super GT est capable de dépasser les 330 km/h sans avoir l’air d’y toucher !
Dans ces conditions on réalise alors le potentiel de feu de cette super GT capable de dépasser les 330 km/h sans avoir l’air d’y toucher mais surtout de ré-accélérer avec une vigueur inouïe quelle que soit la vitesse (merci les 900 Nm !). La tenue de route impressionne tout autant par l’agilité dont elle fait preuve au point d’être persuadé de disposer des 4 roues directrices… avant d’avoir épluché la fiche technique ! La réponse vient de la gestion de la motricité par vectorisation du couple roue par roue et des barres antiroulis pilotées par un système 48V. Mettons cependant un bémol à notre enthousiasme car le poids de l’engin se fait tout de même sentir lorsqu’on enchaîne des virages sur les petites routes et qu’on sollicite ses freins en conséquence. C’est que son terrain de jeu est davantage les grands axes autoroutiers, surtout ceux du réseau allemand, où les ressources de ce fabuleux bolide laisseront sur place la quasi-totalité des GT 4 places du marché et cela avec un niveau de confort et de raffinement unique en son genre.