La GT4 est à la Cayman ce que la GT3 est à la 911, soit la version super-sportive de sa gamme. Découvrons ce qui a motivé Porsche à la produire et comment nous l’avons appréciée après un bref essai…
Nous sommes en février 2013 à Portimao au sud du Portugal, la présentation presse de la nouvelle Cayman bat son plein lorsque j’ai l’immense privilège de m’entretenir avec Matthias Müller (alors PDG de Porsche et désormais nouveau patron du groupe VW) qui s’était déplacé pour l’occasion. Là, il me livre quelques informations clé sur la stratégie de Porsche et de la Cayman en particulier… Entre autres choses, il me confirme qu’il considère la Cayman comme la Porsche la plus sportive (la 918 Spyder qui n’était pas sortie à l’époque) de par son architecture à moteur central arrière, soit celle de toute voiture de course qui se respecte. Toutefois il s’empresse de rajouter qu’elle ne pourra jamais faire de l’ombre à la 911 au niveau de sa puissance ou de ses performances.
« La 911 doit rester supérieure à la Cayman, c’est une règle immuable… » . Matthias Müller
Néanmoins, il se dit insatisfait des chiffres de vente du tandem Cayman/Boxster qui étaient les plus faibles de la gamme Porsche… je lui suggère alors d’en décliner une version super-sportive à l’image d’une certaine GT3. Je n’oublierai jamais sa réponse qui s’accompagna d’un large sourire : « Vous devriez travailler chez Porsche ! » me lança-t-il en me fixant de son regard bleu perçant. L’affaire était entendue, la Cayman aurait droit elle-aussi à une déclinaison extrême. Mieux, j’apprenais par la même occasion qu’elle se dénommerait GT4!
Depuis, j’ai eu le plaisir de conduire pratiquement toutes les déclinaisons du petit coupé Porsche, toujours aussi comblé et admiratif par son équilibre dynamique et ses sensations de conduite pures qu’il est encore l’un des rares à délivrer. C’était donc avec impatience que j’attendais de prendre les commandes de cette fameuse GT4 que « j’avais imaginée » pour me faire mon opinion du travail réalisé par les ingénieurs Porsche. Malheureusement, il me fut impossible d’assister à la présentation presse lors de sa sortie et il m’aura fallu attendre l’essai du véhicule que vous découvrez en photos, celui d’un de nos lecteurs, pour assouvir ma curiosité.
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Cet exemplaire, que j’ai testé avant sa livraison avec l’accord de son futur propriétaire, comptabilisait 60 km au compteur… et 70 de plus à la fin de mon périple ! C’est donc avec une immense précaution que je l’ai étrenné tout en veillant à respecter le rodage de sa mécanique. Sa robe grise relevait sa panoplie de super-sportive composée d’une garde au sol rabaissée, de boucliers agressifs, d’écopes d’admission d’air surdimensionnées, d’un large aileron arrière fixe et de magnifiques jantes de 20 pouces… soit les attributs de sa grande sœur la GT3. Il n’y a pas à dire, cette GT4 dégage quelque chose de puissant, de bestial et presque intimidant ! A l’intérieur ça fleure bon la compétition avec des sièges sport de série (les baquets carbone optionnels sont plus radicaux), la sellerie cuir / alcantara rehaussée de superbes surpiqures rouge et le ciel de toit en alcantara noir. A son volant je trouve de suite une position de conduite parfaite et je suis ravi de la présence d’un levier de vitesse classique… oui, à l’inverse de la GT3, la GT4 est exclusivement disponible en boîte manuelle. Mais il parait que tout cela pourrait changer aussi bien pour l’une que pour l’autre !
Contact, démarreur, roar ! Le son émanant de l’échappement est magnifique et laisse augurer d’extraordinaires moments sur nos belles routes de campagne. Les premiers instants à son volant sont déconcertants tant le niveau de confort distillé par cette sportive pur jus est étonnant. Siège et suspension sont d’une douceur inattendue quand on a l’habitude de rouler dans ce genre de voiture. Et que dire du plaisir rare de manier sa boîte six vitesses via le court levier qui sélectionne et verrouille les rapports avec précision et fermeté, quel bonheur !
Cette voiture est un véritable remède anti-stress dans la morosité ambiante des voitures modernes de plus en plus aseptisées et avares en sensations…
En quittant la ville, j’emprunte une petite portion d’autoroute histoire de faire chauffer la mécanique en douceur pour ensuite attaquer les petites routes de campagne. Là, je commence à prendre la mesure de l’auto… Sa direction précise et consistante me permet de faire virevolter la GT4 de virage en virage, son agilité me rappelle que sa légèreté est l’une de ses qualités mais aussi qu’elle dispose du train avant et des éléments de suspension de la GT3. Pourtant je suis un peu surpris du manque de tranchant de sa direction, c’est que mon exemplaire ne dispose pas des extraordinaires semi-slicks Michelin Cup 2. Ses freins proviennent, eux aussi, de la GT3 et cela se sent même si je reste relativement sage puisque que la belle est en rodage et… que j’évolue sur route ! A ce propos, le moteur 3,8l de la 911 Carrera S est un véritable joyau même en restant sous 5000 tours. Quel coffre et quel son ! Une sonorité amplifiée en mode sport par un système d’échappement qui libère le passage des gaz brûlés pour le plaisir des sens… Les pétarades au « levé de pied » sont tout simplement jouissives ! Cette voiture est un véritable remède anti-stress dans la morosité ambiante des voitures modernes de plus en plus aseptisées et avares en sensations. Les clients Porsche ne se sont pas trompés puisque toute la production GT4 s’est vendue en un temps éclair. Quand on sait que la prochaine génération de Cayman/Boxster délaissera le « flat six » atmosphérique au profit d’un « flat four » turbo, je me dis que j’ai probablement conduit une des dernières vraies Porsche modernes…