Icône incontestée de la voiture de sport, la Porsche 911 navigue au fil du temps sans prendre une ride et c’est ce qui fait son succès ! Nombreux sont les spécialistes de voitures anciennes à s’y intéresser et c’est précisément l’un deux qui nous a proposé de tester cette superbe 911 type 993 des nineties.
Née en 1963, la Porsche 911, qui en est aujourd’hui à sa huitième génération, est l’une des rares voitures de sport à être restée en vente sans discontinuité tout au long de sa carrière. Elle doit sa réputation à ses performances de premier plan et à sa fiabilité légendaire qui lui ont valu un exceptionnel palmarès sportif, mais aussi à sa conduite particulièrement exigeante qui, dès ses débuts, a forcé le respect de ses conducteurs apprentis pilotes ! C’est grâce au concours de STORE 55 que je reprends le volant d’une magnifique Carrera type 993 pour l’opposer à l’une de ses petites-filles, une belle Carrera S type 997 de 2007. Séquence émotion !
993 la dernière / 997 la charnière
Cet essai s’est déroulé aux alentours de Bruxelles, et pour m’y rendre je décidai de prendre la magnifique 997 de la flotte Luxgears… L’occasion était trop belle pour comparer ces deux générations de 911 l’espace d’un weekend ! Je connais bien la 997 pour la « pratiquer » régulièrement depuis trois ans et j’ai profité du trajet pour me ré-imprégner de ses sensations de conduite. J’aime son côté moderne et classique à la fois. Des caractéristiques exprimées par sa bonne ergonomie, sa facilité de conduite et son confort qui se marient au feedback analogique de son moteur rageur, de sa direction joliment pondérée, de sa précise boîte manuelle et de ses suspensions à l’ancienne. Bref, c’est pour moi la génération de 911 qui constitue la charnière entre les 911 anciennes et récentes.
Plus que la 996, la 997 représente la charnière technique et esthétique entre les 911 anciennes et modernes.
Quatrième de la lignée des 911, la 993 est la dernière « aircooled », c’est-à-dire qu’après elle le moteur des 911 est passé au refroidissement liquide en perdant un peu de la sonorité caractéristique du « Flat-Six » refroidi par air. Si elle est appréciée des puristes pour ce détail, elle est aussi considérée par beaucoup comme la plus belle de toutes. En effet, sa carrosserie emprunte des éléments de style de la fabuleuse 959 tout en exploitant les galbes de ses ailes arrière qui, telles des hanches féminines, lui donnent une sensualité à nulle autre pareille.
L’heure de la découverte
Après un trajet de deux heures, j’arrive aux portes de Bruxelles où j’ai rendez-vous avec Michaël de STORE 55 qui doit me confier LA 993 pour la journée. Elle m’attend là, stationnée devant cette villa de la banlieue bruxelloise, habillée d’une exquise robe noir intégral qui, par le plus grand des hasards, correspond au coloris de notre 997. Ma photographe est ravie ! Après les présentations, Michaël me fait le tour du propriétaire et m’explique les différentes commandes et particularités de sa 993 qui date de 1994 et comptabilise plus de 150.000 km. Cette auto de 26 ans semble parfaitement entretenue et conservée, reflétant la qualité et le sérieux des modèles que STORE 55 commercialise.
Aux commandes d’un mythe
En pénétrant dans la 993, je réalise à quel point les nouvelles 911 ont grandi – pour ne pas dire grossi – mais aussi les progrès accomplis en termes d’ergonomie et de qualité d’assemblage. Que cet habitacle est étroit et les ajustements du mobilier sommaires… Mais quel charme ! La position de conduite n’est pas du niveau de la 997 mais toutefois pas aussi mauvaise que dans mes souvenirs, c’est que la colonne de direction est fixe et que les sièges possèdent peu de réglages. Après m’être remémoré l’emplacement des diverses commandes à l’ergonomie parfois fantaisiste, je démarre enfin le fameux « Flat-Six » qui s’ébroue dans mon dos en résonnant dans l’habitacle confiné. J’enfonce la pédale d’embrayage dans le plancher comme de coutume chez les 911 refroidies par air et j’enclenche la première… ça y est, l’aventure peut commencer ! Les premiers kilomètres me rappellent bien des souvenirs. Les sensations d’antan m’envahissent comme si je m’étais reconnecté à cette auto qui communique avec moi. Elle me parle à travers les mouvements de son volant, de son levier de vitesse et des ondulations de ses suspensions. En route, je suis surpris par la santé de son moteur qui n’a pourtant que 272 ch mais qui est placé dans une caisse bien plus compacte et légère que celle des 911 modernes.
Les interfaces homme/machine de la 993 ont une saveur que les modèles actuels n’ont plus, c’est comme si je faisais corps avec ma monture…
Les interfaces homme/machine ont une saveur que les voitures actuelles n’ont plus, elles m’incitent à m’impliquer davantage dans ma conduite en traduisant chaque vibration, chaque mouvement que j’appréhende à travers ce qui se passe sous mon siège, contre mes flancs et jusqu’au bout de mes membres… C’est comme si je faisais corps avec ma monture. Reprendre les commandes de la 997 après cette expérience me fait réaliser qu’elle demande beaucoup moins à son conducteur tout en se montrant plus sûre et confortable. Alors imaginez le gouffre avec une 911 C4S de dernière génération (992) pourvue des quatre roues motrices, de la boîte double embrayage et de l’armada des aides de conduite ! C’est là qu’on réalise que les voitures actuelles ne se conduisent presque plus, elles font tout à la perfection à notre place et, ce faisant, ont perdu de leur saveur en devenant aseptisées malgré leurs performances complètement folles.
C’est exactement là que se trouve l’intérêt et le charme des anciennes qui savent nous donner leur lot de sensations sans pour autant risquer de nous faire perdre notre permis au premier bout de ligne droite venu… Vive les Youngtimers, elles incarnent la plus belle manière de se faire plaisir et, par la même occasion, d’investir !